Penser c’est bien,
agir c’est mieux !
Le Design Thinking : approche et limites
Nous ne reviendrons pas ici sur la pertinence du design thinking. Nous ne ferons que souligner le très fort intérêt pour ses méthodes. Les domaines d’intervention du design thinking sont d’autant plus vastes que tout peut être designé (produit, service, processus, …).
En ouvrant le champ des possibles, le design thinking permet, par son approche, d’appréhender, mieux comprendre et définir une problématique. À son service, un large panel d’outils et solutions méthodologiques (observation, exploration, atelier, focus group, UX research, …) invite à « produire de la créativité » pour faire naître des idées.
Effet de mode, tendance ou ancrage plus profond, le design thinking a le mérite de mettre l’approche de la « pensée design » sur le devant de la scène.
Nous sommes même ravis de voir le gros effort de promotion des dernières années, et l’intérêt suscité autour du design dans sa contribution à l'innovation … mais nous assistons aussi à une dérive résumant le design thinking à de la méthodologie, qui plus est, appliquées par des non-designers. Des séances d'idéation sur post-it permettant de sortir plein d'idées … dont personnes ne sait quoi faire après !
On avait :
En France, on n'a pas de pétrole, mais on a des idées.
Désormais, on peut dire :
En France, on a encore et toujours plus d'idées,
mais on ne sait pas les mettre en œuvre !
La pertinence du design thinking réside dans l’intelligence collective. Son processus, exploratoire et itératif, place l’humain au cœur du projet pour découvrir les différentes facettes d’usages et de besoins des utilisateurs qui viendront alimenter la réflexion, faire germer les idées, …
Il est important, et force est, de le souligner que le rôle du designer ne s’arrête pas au stade de la production d'idées. Si l’artisan, sans le bon outil, ne peut exceller dans son art, il n’y a pas de réciproque. Même avec les meilleurs outils, quiconque ne pourra égaler la compétence de l’artisan et son savoir-faire. À trop focaliser sur les outils du design thinking, à trop le présenter comme une série d'étapes à suivre pour résoudre des problèmes, on lui faire perdre une partie de son essence et de son potentiel… créant frustration et désillusion dans les équipes.
Le « design thinking » seul n'est pas du design. Il est depuis toujours, sans être ainsi nommé, utilisé par les designers dans ce que l'on nomme la phase 1 d’une démarche design ; éventuellement un préliminaire de la phase 2. Sans le design doing, les idées générées lors de la phase de design thinking risquent de rester à l’état de simples concepts, parfois abstraits, sans jamais être concrétisées.
Le Design Doing : de l'idée la réalité
Le design doing est, quant à lui, l’essence même d'une démarche de conception par le design, en permettant la réalisation de solutions innovantes, pragmatiques et adaptées aux besoins des utilisateurs. Il est même crucial pour transformer les idées en solutions concrètes.
Essentiel pour donner vie aux idées, c’est la phase de la mise en œuvre, de l’exécution et de la création donnant naissance à des solutions tangibles. Prototypage, fabrication, test, itérations rapides permettent de donner vie aux idées en les transformant en produits et/ou services concrets.
Cette approche permet d’expérimenter, de valider, et d'améliorer les idées basées sur des retours réels.
Lorsqu’on cherche à se fixer des objectifs, il est facile de rester coincé sur la réflexion et la planification. Enthousiasmé par les idées et leur richesse, il est plus facile, commode pour certains, d’empiler, voire de repousser, les tâches sur la To-Do List ; au point, parfois, de penser comme étant irréalisable ou irréalistes certaines idées, tant les étapes pour y arriver peuvent paraître importantes. À trop réfléchir, on peut provoquer un état de paralysie de l’analyse, où l’on passe son temps à réfléchir, à se perdre dans des détails et une planification, sans jamais passer à l’action concrète.
Les petites actions concrètes valent souvent mieux
que les grandes théories.
Les actions concrètes et le prototypage rapide permettent de tester les idées, d’ajuster les projets et d’atteindre les objectifs de manière pragmatique. Les grandes théories sont importantes, mais ce sont les actions qui concrétisent les résultats.
En conclusion : une approche holistique
C’est en combinant le design thinking et le design doing que l’on obtient un processus de conception holistique. Les deux approches sont complémentaires et permettent d’obtenir de meilleurs résultats en permettant de s’attaquer à des problèmes complexes et de favoriser l’innovation.
La pertinence de la démarche design vient de sa capacité à pouvoir embrasser un large spectre de contexte (produit, service, processus,…), de reposer sur une démarche méthodique, d’être à l’écoute des utilisateurs et leurs besoins, d’encourager les collaborations multidisciplinaires, d’enchaîner les itérations en vue d’une amélioration continue, de prendre en compte les aspects émotionnels, esthétiques, les contraintes de marché (coût, faisabilité technique, …), … afin de donner naissance à des solutions qui ont du sens.
Nous aurons l'occasion de revenir sur chacun de ses points prochainement…