N'en déplaise à Sir Terence Conran, le célèbre et défunt designer fondateur d'Habitat et du Conran Shop:
« Un bon objet design, c’est 98 % de bon sens et 2 % d’esthétique qui suscitent le désir d’achat »
Le design est justement trop souvent perçu comme une simple question de bon sens. Pourtant, cette perception réductrice ne rend pas justice à la complexité et à la rigueur de cette discipline.
Le bon sens, bien qu'utile, est subjectif et limité. À l'inverse, le design repose sur une démarche méthodique presque scientifique. Pour mieux comprendre cette distinction, nous pouvons nous appuyer sur le Discours de la méthode de Descartes ou la pensée complexe d'Edgar Morin. Le design oscille entre intuition, intention et raison.
Le bon sens, une notion subjective
René Descartes, dans son Discours de la méthode, souligne que le bon sens est la chose du monde la mieux partagée. Cependant, il reconnaît également que les opinions et les jugements des individus sont influencés par leurs expériences personnelles, ce qui rend le bon sens subjectif et variable. En design, se fier uniquement au bon sens peut conduire à des solutions basées sur des préjugés ou des perspectives limitées.
Subjectivité dans le design
Prenons l'exemple de la création d'un site web. Ce qui semble intuitif pour un développeur peut être déroutant pour un utilisateur lambda. Le bon sens du développeur lui dicte peut-être de placer un bouton d'achat en bas de page, après toutes les descriptions et avis produits. Cependant, des tests utilisateurs peuvent révéler que les visiteurs préfèrent voir ce bouton dès le début pour un accès rapide.
Un autre exemple est le choix des couleurs. Une palette de couleurs qui semble esthétiquement plaisante pour le graphiste pourrait être difficile à lire ou même inaccessible pour des utilisateurs atteints de daltonisme.
Ce n’est qu’à travers des tests et des recherches approfondies que de tels problèmes peuvent être identifiés et corrigés.
La démarche exploratoire du design
Contrairement au bon sens, le design suit une démarche exploratoire et méthodique. Inspirée de la méthode scientifique, cette approche consiste à définir un problème, formuler des hypothèses, expérimenter, et itérer. Les designers utilisent des outils comme le design thinking, qui encourage la recherche d'informations, l'empathie envers les utilisateurs, et le prototypage pour tester des idées. Cette rigueur permet de dépasser les intuitions initiales et de créer des solutions innovantes et pertinentes.
Design Thinking en action
Le processus de design thinking commence par une phase d’empathie, où le designer s'immerge dans l'expérience des utilisateurs pour comprendre leurs besoins et leurs frustrations. Ensuite, une phase de définition permet de préciser le problème à résoudre. Des idées sont ensuite générées en brainstorming, suivies de la création de prototypes. Ces prototypes sont testés auprès des utilisateurs pour recueillir des feedbacks, permettant ainsi d’itérer et de perfectionner la solution.
Par exemple, lors de la conception d'une application mobile, faire appel à un designer permet, grâce à des tests utilisateurs et des itérations sur différents prototypes de navigation et d'écrans, de mieux appréhender les besoins des utilisateurs et leur interpréation sans entrer dans un dévelopement trop rapidement.
Plutôt que de suivre leur bon sens initial, ils redéfiniront les parcours utilisateurs, testeront de nouvelles interfaces, et adapteront le design en fonction des retours concrets des utilisateurs.
L'apport de la pensée complexe d'Edgar Morin
Edgar Morin, avec sa pensée complexe, nous invite à embrasser la diversité et la multiplicité des perspectives. Appliquée au design, cette approche pousse les designers à considérer les contextes socio-culturels, économiques, et environnementaux.
Plutôt que de se contenter de solutions simples et évidentes, le design complexe cherche à comprendre les interactions et les interdépendances pour créer des solutions holistiques et durables.
Prenons l'exemple du design de produits plus écologiques. Une approche simpliste pourrait se contenter de choisir des matériaux recyclés.
Toutefois, en adoptant une pensée complexe, designer, nous préférons évaluer également le cycle de vie complet du produit, de la production à la fin de vie, incluant la consommation d'énergie, l'impact environnemental et social, et les possibilités de recyclage ou de réutilisation. Prendre en compte les impacts environnementaux et de la durabilité à long terme, plutôt que de se limiter à des solutions immédiates et apparentes.
On peut notamment évoquer les nouvelles démarches d'analyse de cycle de vie produit (ACV) qui permettent dorénavant d'apporter des valeurs chiffrées à ce que nous, designer, faisions déjà auparavant mais de façon plus intuitive.
Les utilisateurs ne pensent pas forcément comme vous
Il est crucial de comprendre que les utilisateurs finaux ne pensent pas nécessairement de la même manière que les concepteurs ou les développeurs.
Les expériences, les compétences et les contextes culturels influencent la manière dont les utilisateurs interagissent avec un produit ou un service.
De l'écart entre conception et utilisation
Un exemple classique est celui du design d'un logiciel de gestion. Les développeurs peuvent penser que des fonctionnalités avancées et complexes sont nécessaires pour offrir un produit de haute qualité. Cependant, les utilisateurs finaux peuvent se sentir submergés par ces options et préférer une interface simple et intuitive, même si elle offre moins de fonctionnalités.
Un autre exemple est le design de sites web pour des audiences internationales. Ce qui fonctionne bien pour un public occidental peut être complètement inadapté pour des utilisateurs en Asie ou en Afrique, où les normes culturelles et les habitudes de navigation diffèrent.
Un bon sens simpliste pourrait vous coûter cher
Il est souvent perçu que faire appel à un designer représente un coût supplémentaire. Pourtant, une démarche de design bien menée permet d'éviter de nombreuses erreurs coûteuses à long terme.
Un bon design améliore l'efficacité, la satisfaction des utilisateurs, et réduit les besoins de maintenance et de révisions post-lancement.
Retour sur investissement (ROI) du design
Des études montrent que chaque euro investi dans l'expérience utilisateur rapporte jusqu'à 100 euros en retour, principalement grâce à une augmentation des conversions, une réduction des coûts de support et une fidélisation accrue des clients.
Une site de e-commerce qui investit dans un design de site web optimisé peut voir une augmentation significative de son taux de conversion. Une interface utilisateur bien pensée réduit les abandons de panier et améliore la satisfaction client, conduisant à des ventes accrues et des coûts de support réduits.
Conclusion
Le design ne se résume pas à du bon sens. Il s'agit d'une discipline rigoureuse, fondée sur une démarche scientifique et exploratoire, enrichie par des connaissances et des méthodologies éprouvées. En s'inspirant de la méthode cartésienne et de la pensée complexe d'Edgar Morin, nous comprenons que le design va bien au-delà des intuitions et des évidences. C'est une approche qui, par sa rigueur et sa créativité, permet de répondre de manière innovante et efficace aux défis complexes de notre monde.
En défendant cette vision du design, nous sommes convaincus de son importance et de sa contribution à notre société. Le design, loin d'être une simple affaire de bon sens, est une véritable science de l'innovation.
Investir dans un bon design, c'est investir dans la réussite à long terme de ses projets et de son entreprise. Notre expertise vous permettra de naviguer dans la complexité et de créer des solutions véritablement impactantes.
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